Nouvelles électives les jours de pluie
Recueil de poésies de Mélissa Blanc

PAPILLON

Vous avez ouvert les yeux.

L’air est plus brillant, la voix se fait plus claire, elle vous entête mais c’est agréable, vous songez à votre, à vous, à notre, à nous, à ceux, à eux, ici, là-bas, surtout là-bas.

Vous approchez à pas fuyant, l’herbe vous broute le pied, vous riez de mauvaise vie.

L’œil aux aguets là-bas s’éloigne.

Vous vous retrouvez seul. C’est une solitude verte, entre le bleu et le jaune. Le calme, l’impatience, l’euphorisant et l’excitation. Un jaune piquant et un bleu qui chuchotent à l’œil profond donnent un vert mélangé et contemplatif.

Les poumons étoilés, vous amassez l’air, comme la dernière fois, la fièvre de votre souffle vient illuminer l’automne de vos yeux, le bleu se fige, le vert ondoie… La basse résonne, emporte le rythme, balaie le coucou et impose le pom pom pom ! le strident cavale, le chuintant faiblit.

Papillon et moi sommes nez à nez, il me prend la main, m’embrasse, reste collé, me susurre qu’il m’aime à l’intérieur de moi et s’en va en tournoyant. Il vole, il court sur les murs du ciel, saute dans les flaques moqueuses de l'espoir et s’arrête en équerre pour me jeter un sourire filandreux, qui klaxonne devant mon épaule rose de désir. Je le vois vivant et coloré, il gribouille un univers pour se draper d’un autre, il se renverse de tout et m’entraîne au fond du ravissement avec lui. C’est donc ça l’existence absolue ! Je la sens qui tâtonne, ondule sur mes paumes et saute dans mon ventre, elle me chatouille, elle trouve.

Mon seul regret c’est de ne pas parler japonais.

Je m’appelle Capucine.

Gaieté Jaune