Ja le matin...
Marc Claude de BUTTET (1530-1586)

Ja le matin, qui l'univers redore, 
De franges d'or et de perles s'ornoit, 
Et doucement tout en roses tournoit 
Le char serein de l'Indienne aurore.

Las ! le souci qui sans fin me devore 
Aucun espoir de paix ne me donnoit :
Plutôt le jour alors me ramenoit 
Mille tormens, et mille mors encore,

Quand derrier' moi, au bout d'un gai preau, 
Ma nymphe émeut un orient nouveau, 
Qui eclaira mes nocturnes angoisses. 

Pardonnes-moi, ô vous, celestes Dieux :
Luire la vi, de corps, de front et d'yeux, 
Plus belle encor que ne sont voz Deesses.