Trilogie latine
Roman de Stéphane d'Arc

En observant avec dégoût un spectacle d'une bestialité repoussante, je compris que nous étions dans la salle du plaisir charnel pris par violence. J'avais déjà vu des images de telles ignominies, mais je ne songeais pas que ce fût si laid et repoussant. Partout autour de moi, des corps violentaient des femmes dans des postures grotesques. Je sais que des hommes, des seigneurs, ont célébré la beauté des corps, mais je ne sais, moi, rien de plus laid, car tous les jours, le corps nous rappelle odieusement à la terre, et je ne veux rien dire des odeurs, des chairs qui pendent, des membres osseux. Ils aboutiront en enfer, les luxurieux et les concupiscents. Et debout, à l'écart des autres, se tenant debout au milieu des accouplements, je vis Ysabelle la seconde. L'ange se dirigeait vers elle. Elle avait le regard rivé au théâtre dégradant qui s'agitait indéfiniment sous ses yeux. Je l'appelai par son nom et elle leva un regard paniqué sur l'ange, et elle cacha son visage derrière sa main droite.

— Je suis un visiteur, Ysabelle, et j'ai été envoyé en ces lieux pour établir la vérité sur ce qui est arrivé.

— Mon nom est Marie, Monseigneur.

— Tes cheveux sont donc bruns ?

— C'est ainsi qu'ils étaient avant. La solitude dans les bois les a blanchis.

— Qui es-tu ?

— Je me nomme Marie de Montfort et suis la fausse jumelle d'Ysabelle de Montfort, ma sœur.

— Ta parole n'est-elle pas libre, et ne peux-tu que répondre à mes questions ?

— Non, Monseigneur, elle ne l'est pas, et je ne peux que répondre à vos questions.

— Pourquoi te trouves-tu en enfer ?

— J'ai été damnée.

— Que est le péché qui t'a damnée ?

— J'ai été le témoin d'une violence charnelle.