Le navigateur des temps
Roman de Christophe Lacaze

Il était devenu en effet ce que l'on appelait communément un "traiteur de fourrures". Le traiteur, à la différence du "coureur des bois" dont la légende n'est plus à faire, disposait d'un permis et d'une autorisation de l'administration pour pouvoir exercer. La base de ce travail étant basé sur le troc avec les tribus indiennes, il lui fut impossible in facto de faire fortune. Il gagnait certes très bien sa vie, mais n'était pas devenu l'homme riche qu'il s'était promis de devenir, et ne put revenir en France pour profiter d'un capital qu'il aurait acquis. Il avait de surcroît rencontré une indienne, de la tribu des Algonquins – qui étaient les partenaires commerciaux privilégiés des nouveaux français – avec laquelle il s'était marié et avait fondé une jolie petite famille du côté de Saint Sulpice, sur les bords du Saint Laurent. Le sort en était jeté, il resta à jamais dans cette colonie et fit tout naturellement sa vie.