Napoléon, l'Égyptienne & le sang-mêlé
Roman de Stéphane d'Arc



Quand il sut que j'étais une princesse de naissance, il ressentit une violente jalousie, irrationnelle et détestable. Mais une seule chose comptait, j'étais à présent en France. Dans ce vaste hall où je faisais les cents pas, je songeai à mes futures retrouvailles avec Napoléon et j'élaborai de multiples romans ; jamais je n'aurais cru cependant que deux ans me seraient nécessaire pour atteindre la France, pas plus que je n'aurais cru que je pourrais survivre loin de lui aussi longtemps, mais voilà, le temps n'est rien. Quant à mon fils, auquel je n'ai pas consacré un ligne depuis quelques jours, il me suivait partout, passant des bras d'une gouvernante à une autre. Je je voyais rarement, le plus souvent au dîner. Né avant terme, l'enfant était de constitution faible et menaçait de mourir au moindre rhume. Il avait près de deux ans et commençait à articuler quelques mots de français.

C'est le plus souvent par ignorance que nous haïssons ; l'ignorance nous rend passionnels ; voilà que malade, étrangement, je deviens miséricordieuse !

L'homme se présenta. Comte de Vroumont, il était cousin du prince de Condé. J'appris plus tard ce que signifiait cette parenté, à savoir que le Comte était un Bourbon, la dynastie régnante en France depuis des siècles et dont Napoléon avait usurpé le pouvoir et délogé l'hégémonie ; ou plutôt que lui la Révolution. Il ne me considérait pas comme une femme mais comme un agent de l'Angleterre, de laquelle il remerciait le concours pour une cause légitime.

Je résiderais à Nantes, non loin de là, où on me ferait parvenir les ordres. Je devrais envoyer un courrier toutes les deux semaines à Londres. Il me décrivit la situation en de larges traits. En 1799, c'étaient les Chouans, avec un contingent de 40000 hommes, qui tenaient le sud-ouest, et qui semaient la discorde dans le sud afin que fut restauré un régime monarchique. Le 24 novembre de cette même année, contraint par la force, les insurgés vendéens durent signés un armistice avec pour châtiment une simple déclaration de fidélité à la Constitution. D'autre part, depuis mars 1800, le consul avait clos la liste des émigrés. Malgré cet armistice les insurrections se sont multipliées, et le jour anniversaire de la mort du roi, le 21 janvier, avait été un franc succès. Il fallait que cesse la dictature. La plupart de la population de l'ouest, m'apprit-il, était avec eux. Ils avaient encore des troupes nombreuses mais aujourd'hui la prudence et la dissimulation était de mise. Nous avons même fait, ajouta-t-il, les plus alléchantes propositions au consul Bonaparte ; puisqu'il ne veut rien entendre, il ne reste qu'une solution. "Vous verrez la plupart de nos chefs ; de votre rapport dépendra l'aide financière et matériel des anglais, et je vous conte tout ceci pour que vous n'oubliez rien, et parce que vous n'êtes pas anglaise."



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Auteur :
Genre : Roman
Pages : 240
Format : 140 x 200 mm
ISBN : 978-2-37136-018-1
Impression : CPI Firmin Didot


*Frais d'envoi inclus (pour la France métropolitaine)