L'amoureuse des grands chemins
Recueil de poésies de Clarisse
ARRÊT SUR IMAGE
Pause instantanée
De velours,
Court le long de ta peau.
Ton frisson détone
Dans le noir sur échine,
Je m'échine à te le faire courir
Du bout de mon pinceau
Sur ton dos de papier
Que je tourne, retourne à l'encre de chine.
Je m'échine, oui,
En long, en large,
En travers de ma gorge assoiffée
D'où s'échappe un chant provisoire
Venu d'une nuit sans éclipse.
— Clac — je m'éclipse à bas bruit
Pour sauver l'honneur de mon heure enfantine,
Enchantée, quand les cloches sonnaient
— Sourdes et rebelles —
La venue des anges italiens.
Renaissance rebondie de l'éternel amour
Aux yeux si doux,
Glissant dans l'entrelacs du silence
Et de la lumière incandescente.
Ô mon amour !
Levée pour toi seul, ô sans amertume, non,
La tension de nos doigts vers eux tendus
Qui se perdirent pourtant,
S'épanchèrent l'un vers l'autre
En délicatesse incertaine,
Au-delà du réel et finirent par chuter, fatals...
— To the ground, round and round —
Tourne le vent,
Tourne le temps.
Son manège me tourne la tête enivrée de souvenirs.
Bien avant les images et les sons,
Bruissait déjà
Toute une vie,
Battait tambours sous mes tempes.
Alors que dire de plus
Quand se retire un amour à ce moment précis
D'avant l'éveil :
C'est comme si la marée montait
Sans l'œil maternel de la lune.
Alors que dire de plus,
Quand se retire un amour irremplaçable ?