Poésies - Chant ɪɪ
Stéphane d'ARC (1966)
Lied
C'est cela… dans cet espace où tout est silence, dans ce vide. Il fait nuit noire alors quand la question arrive, puis sa réponse. Je me demande si ce n'est pas cela l'enfer, ce ressassement quotidien, éternel peut-être.
Que suis-je que cet anonyme, que résolument tout amour envenime ? Rien. Une ombre ravaudée, un ciel pâle. Né d'un fiel sale, avorté de rigueurs assassines, je suis cet écorché qu'on incrimine. Celui qu'on lapide de pierre. Un être de lierre.
Je ne suis pas de ce monde ; et ma vie comme une ombre, raye la lumière d'essaims sombres. Et pourtant, longtemps j'ai parcouru la terre, mais partout j'ai vu l'air délétère.
Pour mon malheur, je me rappelle très précisément, que lorsque de mes voyages je suis enfin rentré, allant voir ce père toujours occupé, ce père m'a regardé intensément, me disant : "qui es-tu ?"
Il n'y avait personne dans la pièce. Ni derrière moi, ni à côté. Alors j'ai bien réfléchi et j'ai dit : celui qu'on n'entend pas, un homme, mais recousu ; que nul n'attend, un inconnu.
Et lorsque je resonge encore, loin derrière moi, à ces lents orages... Je me dis peut-être sage, peut-être pas, que non ma vie ne me ressemble pas ; car qui ? A ces heures tardives, songe encore à moi ?
Moi, l'ardeur fatale, la ténébreuse affaire familiale.