La médecine...
Stéphane d'ARC (1966)

La médecine...

La médecine n’est certes pas une science, mais une discipline, une pratique fondée sur l’empirisme. Si le savoir de la science repose sur le principe d’incertitude et sur une vérité toujours à dévoiler, la médecine accumule des connaissances qui la contraignent à une lecture univoque de signes.

Dans nos sociétés où le déni de la mort est primordial et déterminant, le médecin est un magicien, un mage dont on attend les oracles. Il est le maître de la mort, le détenteur des conditions de la liberté.

Le fantasme fondamental sur lequel se dresse la médecine n’est pas que naïvement hygiéniste ou eugénique, il est celui d’une radicale déshumanisation, d’un ravalement de l’humain à un pur objet biologique.

C’est ainsi, poursuivant son combat missionnaire contre la mort, que la médecine s’affranchit de toute règle de civilisation dans un cadre social et hautement moral : préserver de la mort, sauver des vies.

Dans cette quête absolue, le paradoxe de la médecine est de chosifier l’homme, d’en faire un objet mort, statufié, droit, dont la vie est absente, réduite à des chiffres ou signes biologiques et technologiques.

L’homme est devenu le symptôme de cette maladie qu’est la médecine.

Réflexions - 2021. © CLE