Tombeau du poète
Léon DEUBEL (1879-1913)

Par les sentiers abrupts où les fauves s’engagent,

Sur un pic ébloui qui monte en geyser d’or,

Compagnon fabuleux de l’aigle et du condor,

Le Poète nourrit sa tristesse sauvage.

 

A ses pieds, confondus dans un double servage,

Multipliant sans cesse un formidable effort,

Les Hommes, par instants, diffamaient son essor ;

Mais lui voyait au loin s’allumer des rivages.

 

Et nativement sourd à l’injure démente,

Assuré de savoir à quelle ivre Bacchante

Sera livrée un jour sa dépouille meurtrie ;

 

Laissant la foule aux liens d’un opaque sommeil,

Pour découvrir enfin l’azur de sa patrie

Il reprit le chemin blasphémé du soleil !